Marguerite

J’ai découvert cette année que la vie était laide, très laide parfois. Maladie, mort, suicide, viol. Toutes ces choses qui existaient vaguement quelque part sont devenues réalité. La petite fille que j’étais côtoyait la mort et la maladie mais elle avait enfoui ça très profondément, elle en avait fait des albums Mickey dans des salles d’attente d’hôpitaux. On ne protège pas autant une grande fille de vingt et un an. J’encaisse choc sur choc, tout arrive d’un coup comme si le voile avec lequel je percevais le monde s’était envolé d’un coup. Ca s’appelle grandir probablement, vieillir même. Je ne suis plus innocente, je ne vis plus dans un joli monde de surfaces confortables. C’est douloureux de quitter le cocon sucré de l’enfance. J’aimerais dire qu’on a ce qu’on mérite, mais ce serait trop simple, trop réducteur. Je ne peux plus voir le monde en noir et blanc. Je me sens à nu, sans protection parce que pour la première fois je ne triche pas et je ne fuis pas.

Mais je ne suis plus seule et ça, ça change tout.