Marguerite

Ecrire : « ça vous fait du bien, n’est-ce pas ? » me dit ma psy. Ecrire quand il ne reste plus rien d’autre, quand la c*ke me prend la gorge et m’empêche de parler.

R. me dit « on lui a dit que c’était mal mais qu’on aurait fait pareil », peut-être était-ce la parole la plus réconfortante de la soirée. Soirée où je ne parviens même pas à être perchée, de larmes, et pourtant tout ne s’écroule pas. Elles sont là et me prennent dans leurs bras. Et me disent que je suis belle et qu’il est fou.

J’aurais peut-être tout perdu, une certaine dignité, l’amour, mais j’y ai gagné l’amitié. Mon monde ne peut plus s’écrouler parce que l’amitié, c’est pour la vie.

J’ai essayé de croire, de croire contre toutes les évidences. Besoin d’un autre pour combler un vide qui n’existe même plus.

J’ai longtemps cru que j’étais laide, à part. Dans mes représentations enfantines, il était honteux d’aimer. J’ignore pourquoi. Je suppose qu’il me reste un peu de cela, que je n’ose jamais montrer ma volonté à l’autre avant d’être sûre. Mais quand je suis sûre, ça n’a plus d’intérêt. Je n’ai jamais osé prendre le risque de me dévoiler. Je ne sais pas pourquoi je me suis toujours sentie dans une situation d’infériorité vis-à-vis de l’autre, ou alors ça ne m’intéressait pas.

Equilibre, toujours cette recherche.

Le D. que j’aimais est mort. Il s’est passé trop de choses pour que l’on puisse renouer. A moi de l’accepter maintenant. Je l’ai enterré aujourd’hui, ce soir, au moment précis où il m’a lancé sa dernière insulte. Dernière fois. Adieu, pour toujours.

J’aime finalement ces tournants que prend ma vie, j’aime quand tout se bouleverse et que je sens que j’avance. Quand je sens que le pire de la souffrance est derrière moi. Il ne me reste plus qu’à continuer sur cette voie, cette vie que j’ai construite seule depuis un an, seule.