Marguerite

Je regarde ce collier, collier de liberté, collier des errances de l’automne 2008 au Luxembourg à me demander quand tout cela se finirait, à regarder les feuilles tomber, prendre en photo la rousseur de la nature, nature qui continuait à vivre alors que tout semblait compromis. Un sautoir, or et violet, sautoir oublié sur la table de nuit de M., ce dernier jour ensemble « c’est un don ou un oubli ? ». J’aurais aimé garder son ruban jusqu’en mai, faire comme si le monde ne continuait pas de bouger, comme si j’attendais. Je ne pouvais pas.

Hier, M. était main dans la main d’une grande blonde, ironie de l’histoire et il a fait un détour en me voyant. Non je ne t’en veux pas, envie de le prendre dans mes bras et de lui dire « optimisation sous contraintes ».

Aujourd’hui ce cours avec D. Et de réaliser qu’il gardait toute cette rancœur, cette haine alors que plus rien ne m’importe. Un an et tant de tristesse. Je me désolidarise de ton sort, lui ai-je écrit. Je pense que le pire, c’est de n’être même plus capables de se parler.

Et je croise enfin S. au détour d’un couloir, feint de l’ignorer jusqu’à ce qu’il me salue ostensiblement. Que dire si ce n’est que j’en ai marre des gens perdus, des égoïstes, marre des alchimies physiques qui dégénèrent. Et pourtant, tout sauf le vide.