Marguerite

Je suis fatiguée, très fatiguée. On me sort entre deux yeux, dans des toilettes handicapées, « S. sort avec P. » et je hurle. Je suis saoule et je hurle dans la foule sourde, ivre de hits du top parade. L’élite de la France va vomir ses tripes ce soir sur de la mauvaise pop. Je m’en moque au fond, je crois qu’en ce moment je cherche chaque occasion pour souffrir. Chaque prétexte pour m’enfoncer ça au fond du cœur, pour pleurer pendant des heures, hystérique, en sachant à peine pourquoi.

Mardi, je répétais mon malheur à ma psy, « je crois que je n’ai plus d’espoir ». J’ai juste envie de me raccrocher à quelque chose, à un rail de c., un ratio financier, l’odeur d’une peau, quelque chose qui me donne une raison pour me réveiller chaque jour.

On a fini par me rappeler hier. Je buvais un lassi avec A., nouveau prétendant, quelque part rue de b. Nous rions beaucoup. J’aime beaucoup donner rendez-vous rue de b., je ne sais pas pourquoi, l’esprit de St Germain, l’assurance de croiser quelqu’un qui, prouver que j’existe. Donc je buvais un lassi au lait d’amande et mon téléphone a sonné, appelant inconnu, mon cœur battait à cent à l’heure et j’ai eu la confirmation de ce que j’attendais. Alors ? A. n’a pas pour autant largué sa copine, le monde a continué à tourner comme avant sauf que je n’avais même plus de prétexte pour vomir mon malheur, ma haine de vivre, voilà le stage que je voulais. Et pourtant j’en suis toujours au même point. Pourtant tout ce que je m’imagine c’est le vide et sauter, bam adieu vie, grande école, avenir scintillant et joli minois.

J. m’a embrassé sur la joue en partant ce soir, rien ne change.