Marguerite

Constat étrange, la drogue m’a appris beaucoup. J’ai appris à maîtriser ces moments de descente où le monde semble s’effondrer, la panique de plus rien parvenir à contrôler. J’ai appris à gérer les lendemains à trembler dans mon lit, renaissante dans la terrible réalité. Et surtout j’ai appris à parler aux autres, à m’ouvrir à ceux qui passaient. Sans la mephedr*ne tout particulièrement, je n’aurais jamais réalisé qu’il suffisait de parler aux gens pour des choses se passent, que des liens se créent. Que si je me laissais porter par les événements, ça en valait la peine. Je ne pensais pas être capable de séduire, d’être drôle rien qu’en parlant.

Alors oui il y a les dents qui tremblent, le nez qui brûle, et tous ces autres à qui je dois cacher une partie de ma vie, mais il y a aussi des découvertes. Paradoxalement, la drogue m’a appris que je pouvais être heureuse sans elle, qu’il fallait juste que je me prenne en main et que j’arrête d’avoir peur des autres, du monde instable, et de la vie en général.

Je déménage dans quelques jours. Toute seule enfin pour de bon. Dans « une très belle adresse » avec un grand lit rien que pour moi. Lit que j’aimerais ne pas rester vide.