Marguerite

Le temps. Mon rapport au temps. Voici sur quoi il faudrait que je m’interroge à présent. Mon incapacité à attendre, immédiateté de la satisfaction du désir. Je n’ai aucune patience, je veux tout maintenant. Je ne pense pas que cela soit très positif, cela participe de mes pulsions. Je suis convaincue que beaucoup de garçons le sentent, je n’ai pas besoin d’attendre, comme si mon désir se suffisait en lui-même, comme s’il n’y avait rien en jeu que ce plaisir immédiat, sorte de no future. Je manque quelque chose dans la mesure où je ne vais jamais au bout du manque, je n’essaie pas de voir si le désir résiste au temps, a une valeur.

J’ai rencontré M. il y a quelques semaines. Je me rappelle de mon sourire béat dans le métro, et de ce sms envoyé « coup de foudre ». Le terme n’était pas tout à fait approprié, mais il est rare que j’éprouve une telle attirance à première vue, après quelques paroles. Et j’ai attendu. Voir s’il me convient vraiment ou si la première impression était un leurre. Chose que je n’avais jamais pris le temps de faire avant.

Il a dormi sur un matelas en bas de mon lit sans même chercher à me rejoindre, m’a raccompagné à un taxi en m’embrassant sans essayer de venir. Je n’ai pas l’habitude que les choses se passent ainsi. Je sentais pourtant son désir dans ses baisers. C’est peut-être ça le respect, attendre d’être sur pour donner de la valeur, du sens à la chose. Tout ce que je sais c’est qu’avant ça a toujours foiré, alors pourquoi pas…