Marguerite

L’envie d’écrire me poursuit toute la journée, à la bibliothèque, dans le métro. Hier, en marchant sur les quais, sur le chemin matinal pour la BSB, des policiers en moto tracent un passage pour une ambulance « transplantation d’urgence ». Une brusque envie de pleurer me saisit. Ce qui me rappelle ce garçon yeux mi-clos samedi soir qui me répétait « toi, tu as vécu des expériences extrêmes, près de la mort », pures supputations de défoncé bien sûr. Je repense à ma grand-mère, et à ma crise d’angoisse toute une nuit au Cambodge dans une infirmerie. J’ai peur de la maladie.

Longue conversation aujourd’hui avec Olivia sur cette nuit sans fin du début 2007. Cette longue nuit où j’ai failli perdre mes meilleures amies pour me sentir désirable par deux idiots. Heureusement qu’il ne s’est rien passé. J’ai quand même cet instinct au fond de moi qui me ramène à la réalité avant de commettre l’irréparable. Là encore soudaine envie de pleurer. J’ai pu me laisser entraîner dans les plans les plus glauques pour un vague frisson, par naïveté. Je suis la spécialiste de marcher la tête en l’air en sautillant vers les pires traquenards. Maintenant, je ne peux plus faire confiance à personne. Pas même à ce gentil garçon qui m’écoute les yeux grands ouverts au cours d’une promenade, sur les quais encore. Trop tard. Je ne peux plus y croire. Seulement avec toi qui ne me lit plus. Ma vie, cette dernière année se résume à une série d’occasions, parfois manquées. Je suppose qu’il faut enterrer ses fantasmes. Vivre avec la réalité, non avec le monde tel qu’il aurait pu être. Même si au fond, je continue d’espérer qu’un jour…