Marguerite

Chaleur moite du rer, l’air que se donnent les hommes en cravatés, sensation d’étouffer, chercher une aération, toutes les fenêtres sont closes. Un badge, un pc et des codes d’accès, bienvenue dans la vraie vie adulte. Bienvenue au premier centre d’affaires européen.

La vie me semble soudain absurde. Peut-on se lever tous les matins pour accomplir une tâche inintéressante ? Impression que la vie professionnelle est pleine de petites perfidies insignifiantes, de petites luttes pour des poussières de néant. Je ne vois pas vraiment de sens à tout cela. On me dit que je suis cynique, au contraire je me trouve idéaliste, j’attends trop de l’avenir.

J’ai passé deux ans enfermée à me poser des questions complexes sur l’avenir du monde, à m’entendre dire « vous êtes l’élite, les deniers combattants du savoir. » Tout ça pour quoi ? Améliorer quelques ratios financiers ? Faire des jolis slides ?

A quoi va servir mon cerveau, mon intelligence, toute cette culture qu’on m’a faite avalée, ces dissertations en trois parties sur l’état du monde ?

J’ai peur de ne jamais trouver ma voie, jamais trouver de sens. Je ne peux pas me contenter de la réconfortant confort de l’habitude, des petites satisfactions de machines à café.