Marguerite

Je souris à mon téléphone. Je souris en mangeant une orange, dans le métro et une tête apparaît entre les portes qui se referment. Je souris au quai qui s’éloigne.

La vraie vie a enfin commencé, je suis épuisée, mes petites insomnies me reprennent, je vois des comptes sociaux devant mes yeux, je rêve de holdings et d’actionnaires cachés. Je suis contente, enfin. Certaines personnes passent par intermittence dans ma vie, s’effacent comme ces sourires d’été indien.

Je ne veux plus de promesse sur ce futur si incertain, des petites approbations. Une vie dans les hauteurs du monde, dans le froid des comptes, des hypothèses. Une vie de déjeuners mon ami.

Je n’ai pas de place dans ma vie pour quelqu’un d’autre, et je ne parle pas de taille de pantalons. J’ai le métro, les mousses au chocolat protéinées, les afterworks, courir, des amis, mon lit, mes livres. Pas d’espace-temps. Je pense que si quelqu’un me voyait vivre, il se dirait, « mais qu’est ce que c’est que ce bordel ? ». Surtout mon lit et mes plateaux-repas.

Mais je n’ai plus peur.

Je ne suis tout simplement plus capable.