Marguerite

Un week-end à effacer à la gomme maped, rageusement, jusqu’à trouer le papier, et voir ces ombres de crayon qui restent. Comme la sensation de chaos qui me poursuit, de miettes d’histoires, de tentatives avortées. Je ne parviens pas à parler, je détruis ma paille. Je suis complètement paralysée. Et terriblement incapable de me comprendre, de savoir ce que je veux. Comme si la situation m’échappait entièrement. Je suis passive. J’ai peur, encore.

Je ne supporte plus qu’on me touche. Je suis terrifiée par le contact physique, choc des corps. J’ai souffert du fond des entrailles. Je n’arrive même plus à jouer, encore moins à vouloir aimer. J’ai fait défiler les garçons dans mon lit. Rien à faire. J’ai peur. Je suis redevenue la petite fille qui a l’impression de se faire violenter. Je veux m’isoler, vivre hors des corps, hors de l’amour. Juste moi, mes amies, et un peu d’attention.

J’ai été trop loin dans le jeu, et aussi dans la destruction. J’ai vu, et j’ai perdu. Je veux la paix et pourtant je ne fais que provoquer toujours la même chose. Alcool, lit, crise d’angoisse et lendemain assommé.

Maintenant je me sens au bord de la folie. Multiplication, répétition.

Dégout, voilà le mot qui convient. Dégout.