Marguerite

Depuis deux ans et quelques poussières, j’ai fui l’amour, les relations sérieuses, l’engagement. Je suis terrifiée par ce qu’implique l’attachement à l’autre, la dépendance, donner à l’autre le pouvoir de me faire souffrir. D. m’a fait mal, D. m’a humiliée, et j’ai subi pendant des mois parce que je l’aimais (lui ou son image, peu importe finalement). J’ai honte et j’ai peur de revivre ça. L’amour c’est se donner dans la joie et reprendre les restes dans la douleur. Donner accès à ses faiblesses, ses zones d’ombre, tout ce que l’on cherche à éviter à l’autre, et le laisser sans servir. Je ne veux plus jamais de lutte de pouvoir comme avec D. J’ai toujours refusé de jouer sur le terrain des petites phrases assassines qui marquent la peau. Et pourtant, je me suis laissée embarquer dans cette histoire, deux ans de relation, deux ans pour s’en remettre. Peut-on aimer sans se haïr à un moment, sans chercher à mesurer son ascendant sur l’autre ? J’ai tellement peur de revivre le malsain que j’ai tout fait jusqu’à présent pour éviter les « relations sérieuses ». Mais D. est fini maintenant, et je me sens seule quand je prends la 1 le soir, quand je trouve le vide chez moi. Même si ça me fait mal de le reconnaître.