Marguerite

Je repense en souriant à la nuit où j’ai rencontré Ma. C’était juillet, je venais d’avoir l’offre de Stage, il faisait chaud. Je portais une robe blanche en soie crêpée Tara, une ceinture nœud dorée, mon fard à paupière doré aussi, et des ballerines noires. Je ne savais que faire de mes cheveux devenus si longs si vite. Nous avions diné avec les filles, des sushis et du champagne dans la cuisine d’Au. Puis ça rentrait et partait. Je me rappelle de mes conversations, de Paul et ses cocktails. Cette petite excitation de la soirée de l’Ecole qui s’annonçait, nous sommes sectaires, que voulez-vous.

No. m’avait parlé de Ma. bien avant, le jour où elle l’a rencontré peut-être même, persuadée qu’il me plairait. C’est drôle l’image que l’on se fait des autres, de leurs goûts, je ne saurais dire qui plairait à No. Puis nous sommes partis dans la nuit moite, le corps brûlant d’alcool. Je pensais à cet adieu définitif à D., à ma vie qui prenait un tour inattendu. Et nous descendions la rue vers les grands boulevards. Ainsi sont arrivés Ma., Ro., et un autre. J’ai vu Ma. de loin, je l’ai reconnu. Il y eu les présentations, la bise et son regard droit dans mes yeux : « enchanté, vraiment enchanté. », comme s’il y avait un sens derrière la politesse, derrière cette dixième fille qu’il saluait. Et nous sommes partis tous les deux, presque collés sur le chemin, un flot de paroles. En dix minutes, les jeux étaient faits.

Au delà de tout l’accessoire, il y a ce naturel, cette attraction évidente, même s’il n’y aura jamais rien une fois le jour installé, toutes ces choses qui nous séparent. Je pense toujours à Ma. comme à ce refuge les soirs de tristesse, d’envie. Quelqu’un avec qui je peux être moi. Rire. Et faire comme si le monde entier n’était pas, comme si tout ça était logique, comme s’il n’y avait jamais de questions à se poser, ces instants où il suffit d’être.

Ma. ne sera jamais dans ma vie, provisoirement en marge, et encore.