Marguerite

Dès que j’ai bu ou pris quelque chose, l’angoisse remonte à la surface et le monde me semble si terrifiant. Je ne sais même pas de quoi j’ai peur, je sais juste que plus rien n’importe, que je ne veux plus de lendemain, juste la nuit qui dure à l’infini, l’insouciance retrouvée. Nous ne parlons plus que cela, de deals, d’EV, de b*nus, de ce monde fou, clos, autoréférentiel que nous nous apprêtons à rejoindre. Il n’y aura plus de vacances, plus d’amour ou alors au bout de la nuit sous c*ke, il n’y aura qu’un modèle avec qui parler, un monde déconnecté de cette réalité qui a disparu depuis longtemps, qui a disparu le jour où l’on a posé un pied en prép*. Je ne sais pas à quel moment cette folie s’est imposée comme le chemin à suivre, the only way. J’ai l’impression d’être prise dans une spirale de laquelle il est impossible de sortir vivant, tout est lié, argent, prestige, pression, pouvoir. Quand aller au bout de soi devient se détruire, nier son humanité, ses faiblesses. J’ai peur. Dans un an, tout sera fini pour de bon : les galères, l’errance, les questions, les cours, les rêves. Il m’aura fallu quelques mois pour ne plus croire en quoi que ce soit, pour faire ce que m’impose et devenir une gentille machine à produire des modèles, obéir, obéir, et se conformer. Quand devenir bon, c’est se conformer.