Marguerite

Il devait être une heure et des poussières. Le plafond était bas, en bois, quelque peu étouffant. Soudain tout est retombé : l’alcool, l’excitation, la prétention. Ma tête tournait, j’avais soif et je baillais. Je sentais mon corps tomber, céder enfin après des nuits éludées, des nuits volées, des nuits que l’on me prendra bientôt. J’aurais voulu me coucher sous une couette fraiche, dans une nuit d’enfant. J’avais envie de c*ke, une envie qui m’agrippait le corps, la gorge. Cette chose qui te prend la tête, qui t’éloigne de l’autre et fait ressortir le pire. J’avais envie de ne plus être là. Je pensais à ma petite boule laissée à Paris. Je n’aurais pas été capable de supporter une poussière.

L’angoisse s’empare de plus en plus de moi à mesure que les jours accélèrent. J’ai peur de ne pas avoir fait les bons choix, d’échouer, peur de petites choses qui ne comptent pas, peur de ce destin, j’aimerais ne pas avoir peur, être sûre, savoir où je veux. Je crois que l’Ecole nous formate à avoir ces peurs, ces petits rêves de pyramides. J’ai besoin de réconfort, d’une figure à mes côtés. Je suis incapable de laisser qui que ce soit entrer dans mon intimité. Joe m’a dit qu’il ne pouvait pas rester, c’était bestial et désespéré. Je pense à Ch., je ne crois en rien, mais j’ai envie d’être avec lui, de prendre sa main devant PV. et de rire aux éclats, j’ai envie. Même si je sais que devant l’enchainement des choses, je partirai en courant et en pleurant. Je ne peux plus appartenir à un autre.