Marguerite

L’attachement et j’imagine une corde, une corde qui nous enserre. Une corde coulissante qui rapproche nos corps aimantés, nos corps accrochés. Je ne ressens pas grand chose, je ne sais plus ce que je ressens, je crois que j’ai anesthésié mes sentiments. J’ai envie de le voir, sans trop savoir pourquoi. J’ai envie de le toucher sans trop savoir comment. J’aime sentir ses bras qui m’enserrent, j’aime son parfum, j’aime quand il me caresse le visage. J’ai peur, j’ai peur de m’attacher, j’ai peur de l’avenir, qu’il parte, que je parte, que tout se détruise. En somme, j’ai peur d’aimer à nouveau et je crains que ça ne finisse par arriver. J’aime le fait de pouvoir être moi-même avec lui, pouvoir renverser de la sauce soja, et parler de ce que j’aime, dire mes inepties, dire tout le reste, pouvoir tout dire sauf « nous ». 

Voilà ce que j’ai cherché et n’ai pas trouvé en Edouard, être soi, sans jugement, sans rancune, sans enjeu. Mais j’ai peur de ne plus avoir besoin de séduire, plus ces numéros pendings. Je ne sais pas trop ce qui m’arrive, ce qui nous arrive, devrais-je dire.

Je pense qu’il fuit un peu ça, sans vraiment fuir, comme moi. Tout ça me convient, tout ça me satisfait. J’ai envie de pousser un peu plus loin, sans aller à l’extrême, contrairement à avant. Sans aller jusqu’à la négation de soi, sans aller jusqu’à la souffrance. Garder le jeu, le plaisir et la complicité. Oublier les grands projets destructeurs, oublier l’avenir qui nous tombe dessus, oublier les liens qui étouffent.